lundi 16 mars 2009

1. Premiers balbutiements

J'aurais aimé dire que je suis là à écrire ces lignes bien assise dans mon lit, les jambes sous la couette, le haut du corps nu, avec mon chat qui ronronne couché bien confortablement entre mes genoux. Seulement, le chat a déguerpit hors du lit pour aller faire raisonner quelques croquettes au poulet sur le rebord de son bol, à les chasser sans relâche de sa petite langue rêche. Je suis donc là à écrire ces lignes bien assise dans mon lit, les jambes sous la couette, le haut du corps nu. Sans chat. Je sors tout juste de la douche, mes cheveux sont trop mouillés, ils friseront dans tous les sens mais ce soir je m'en ficherai éperduement. J'ai encore en bouche le goût fort sucré quoi que légèrement amer des quatre biscuits au chocolat que j'ai engouffré tout juste avant de débuter ce billet et je me retiens pour ne pas étirer le bras et en attraper deux autres. L'idée de les croquer sèchement, de faire ramollir le biscuit sur ma langue alors que la crème au chocolat fond légèrement à la moiteur de ma bouche est toujours divinement tentante. Ce qui est moins tentant, cependant, c'est l'idée que toutes ces calories finiront dans mes hanches.

Pour cela, je tenterai de m'en tenir à ces quatre biscuits, et oublier les autres qui trônent là, sur ma table de chevet. Écrire m'aidera sans doute à les oublier, pourvu que le sujet principal se tourne vers autre chose bien évidemment.

Il serait sans doute approprié à ce moment précis du billet d'expliquer le pourquoi de ce carnet d'écriture; la raison en est fort simple : j'ai besoin d'un espace libérateur. Avec tout autour de moi qui semble ficher le camp, il me faut un pilier, un repère, un phare... et comme je suis désormais seule, je crois bien que ce dont j'ai besoin ces jours-ci ne peut provenir que de moi-même. À extérioriser mes démons, je pourrai sans doute mieux les cerner [voir même, leur botter les fesses] et surtout mieux voir la route qui est désormais mienne. Si pendant près de douze ans j'ai marché sur un chemin qui n'était pas toujours le mien mais que j'avais décidé d'entreprendre à deux, cette séparation d'avec l'homme que je croyais bien avoir acquis pour toute la vie [misère, misère, n'aurais-je pas dû savoir que rien n'est jamais acquis?] survenue il y a plus d'un mois maintenant me laisse à tout le moins le choix de prendre la route qui me plaît à moi, et moi seule.

Seulement, l'idée de me ballader avec pour seul guide un petit coeur meurtri m'emmerde. J'ai besoin d'autre chose, de voir le bon comme le mauvais, de pouvoir aussi garder une trace de ce qui m'anime à cette période où tout semble aller beaucoup trop vite. Ces pages seront donc une sorte de Guide du routard [version sentimentale et psycho-pop à deux balles, bien entendu] que je pourrai relire à ma guise, biffer, commenter, critiquer au besoin [parce que je me laisse le droit de commenter mes propres écrits à tout moment dans l'espace prévu à cet effet] et surtout, surtout, que je pourrai citer à témoin lorsque j'aurai cru tout oublier.

Le chat est revenu. Les biscuits sont restés bien sagement dans leur emballage de plastique rouge criard [comme si quelqu'un avait peur que je ne les remarque plus?]. Et mes carnets prennent forme, lentement.

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