vendredi 24 avril 2009

15. Correspondance

Lettre écrite à l'ex... expédiée ce matin à 00h46 (et tant pi si ça doit faire sonner son Blackberry).

Il y a plein de choses que je voudrais te dire, et je préfère t'écrire puisque non seulement je m'exprime toujours mieux ainsi, mais aussi parce que de toute manière, je n'ai pas vraiment l'occasion de te parler depuis un mois. Le téléphone, je n'aime pas. Et toutes mes invitations ont été refusées. Non, ce n'est pas un reproche... je sais très bien pourquoi et je comprends.

Mais voilà, les choses que j'ai à te dire s'accumulent depuis tout ce temps et j'ai besoin de les partager... J'ai tant de choses à te dire que je ne sais même pas par où commencer.

D'abord, je voudrais revenir sur ce que je t'ai écrit plus tôt aujourd'hui, lorsque je t'ai demandé de ne pas me traiter comme une enfant. Tu m'as répondu que je faisais la gueule... Je te l'ai écrit déjà : c'est faux. La dernière chose sur laquelle je dois mettre mes énergies en ce moment est bien la frustration; elle ne mènerait nulle part et me boufferait toutes mes ressources. Il ne faut pas confondre égarement et frustration... je te l'ai écrit aussi, il est très difficile pour moi de savoir qu'en une semaine, j'ai été reléguée aux oubliettes pour une autre. Il m'est aussi très dur de composer avec le dernier mois ou nous avons vécu ensemble, ou c'est toi qui m'a consolé, ou tu as insisté pour avoir tes colleux chaque soir avant le dodo... et du jour au lendemain, pouf. Plus rien. Même pas un bisou sur la joue lorsque l'on se voit. Je suis dans un tel état d'égarement face à cette situation, je ne sais pas quoi penser. Je ne sais pas comment agir devant toi. Mais je ne suis pas frustrée.

Triste serait sans doute le mot juste...

Je n'accepte pas encore le fait que quelqu'un d'autre occupe maintenant la place la plus importante dans ta vie, mais je respecte. Non pas parce que je n'ai pas le choix, mais parce que je t'aime. On dit que quand on aime quelqu'un on souhaite son bonheur avec ou sans nous... c'est là ou j'en suis avec toi, aujourd'hui. Et crois moi je ne sais pas comment j'y arrive; l'effort est surhumain, mais somme toute naturel... La haine, la frustration... j'ai beau la chercher, je ne la trouve pas. Je n'ai pas à me battre contre ces mauvais sentiments parce que je ne les ressens pas, et c'est bien tant mieux.

Je t'en supplie, cesse de croire que je suis fâchée contre toi, ou que je cherche à te faire sentir coupable. C'est faux... c'est tellement faux. Et de savoir que c'est ce que tu crois me fait aussi mal que tout le reste. J'aimerais seulement que tu comprennes que chaque choc que je dois encaisser fait mal, il y en a eu beaucoup déjà et il y en aura sûrement d'autres. Et chaque fois je tombe, et ça c'est la partie que tu vois. Et après je me relève, mais ça tu ne le vois pas. Je tombe d'abord et je suis désolée si mes réactions donnent l'impression d'être de la frustration. Ça n'en est pas... c'est de l'égarement, purement et simplement. Et - merde, tu me connais - je réagis toujours fortement sur le coup.

J'ai l'impression que tu cherches à m'épargner, parfois. Sache que je viens de passer les deux pires mois de ma vie, et même si tu ne le vois pas, j'arrive encore à rire, à sourire. Alors crois-moi, tout ce que tu pourrais désormais me dire ne saurait me faire plus mal que ça, et surtout pas aussi longtemps. Notre séparation je l'ai pleuré depuis la mi-février jusqu'au début d'avril... chaque jour. Ce que tu as vu de cette tristesse n'est rien comparé à tout ce que j'ai pleuré en ton absence... alors rien ne saurait être pire. Vraiment.

Le plus clair de mon temps est positif, surtout depuis deux semaines. Ma vie avance à petits pas mais ce que je désirais surmonter le premier mois, j'y suis arrivée. Apprendre à vivre sans toi était le plus gros morceau. Depuis un mois que je vis seule, un mois que je vis sans toi, et rien de mes sentiments pour toi ne s'est estompé. Rien. Je m'ennuie chaque jour, je regrette chaque jour. Et je sais qu'il est trop tard et que je ne peux rien y faire. Je sais aussi que tous mes sentiments sont à sens unique, et ça aussi je dois l'accepter. Et c'est difficile... mais j'y travaille chaque jour, et tellement plus que tu ne peux te l'imaginer. Il est faux de croire que même si c'est difficile, je pleure encore pour tout ça. Je suis très fière de dire que ça doit bien faire trois semaines que j'arrive à penser à toi sans pleurer... à parler de toi aussi. Avec K. je parle beaucoup de toi. Et ces trois dernières semaines, le seul moment ou j'ai pleuré c'est ce soir ou tu m'as largué au supermarché, et il est évident de savoir pourquoi.

Ce qui aide est que j'ai de nouveaux repères... ils sont plus ou moins solides mais j'y travaille. Je fais de mon mieux, ces repères m'aident; seulement ce n'est pas encore parfait. Alors les réactions ne sont pas parfaites non plus.

En terminant, je voulais te dire que j'ai passé beaucoup de temps avec K. depuis deux semaines et je vois bien ses tourments de quitter son conjoint. Toute la culpabilité qu'elle porte, tous les doutes, je suis certaine que tu les as vécu aussi... et si tu savais combien ça m'a fait pleurer lorsque je l'ai réalisé il y a deux semaines, tu n'y croirais sans doute pas. Je suis terrifiée de savoir tout ce que tu as vécu, toi qui crois que je suis fâchée contre toi... si tu savais. J'ai plutôt de la compassion pour toi et même, oserais-je dire de la tendresse? Ça me brise le coeur en deux de voir tout ce que K. traverse parce que je le relie directement à toi. Et c'est très difficile de savoir combien tu as dû souffrir. Vraiment, ça m'a fait très mal de réaliser tout ça.

Voilà. Si tu m'as lu jusqu'au bout, je t'en remercie énormément. Et désolée si c'était un peu confus.

À bientôt.

jeudi 16 avril 2009

14. Étoile d'ambre


Des milliers d'étoiles innondent le ciel
Mais une seule ne brille là que pour moi
L'onde de l'une, comme lune éternelle
Proclame mon âme et goûte mon émoi

Oh toi mon étoile, ma seule et sublime
Couvre de tes sens mon âme meurtrie
Embellie mes jours, latente déprime
Qui se déversent en douces larmes de pluie

Qui ne s'imagine qu'au loin tu existes
Ne saurait demander le péché véniel
De ta douce lueur ambrée de miel

Lueur que je garde au profond de moi
Qui guette mon jour et comble ma nuit
Oh toi mon étoile au passé meurtri


muse : Div

13. Dans la nuit noire, une lueur.

Un jour à marquer d'une pierre. Noire.

Au-delà de toute la tristesse, l'absence, la solitude, ce qui fait le plus mal est de se savoir inutile. Ou obsolète.

Aujourd'hui, l'ex m'a annoncé qu'il fréquente plus ou moins sérieusement une nouvelle femme. Sorties aux restos et quoi d'autre que je ne veux pas savoir... parce que cette nouvelle situation fait horriblement mal. De savoir qu'il est désormais non seulement heureux sans moi, mais encore plus heureux avec une autre me laisse un sentiment de désolation, d'abandon. C'est comme si je n'étais plus bonne à faire la chose la plus simple qui soit : le rendre heureux. Ce que j'ai fait pendant plus d'une décennie de manière toute naturelle, ce dont j'étais la seule à posséder le secret, je ne le détiens plus. Ce privilège que j'avais de le faire sourire, de le faire rire, de le faire jouir même, ne m'appartient plus.

Devant cette réalité, c'est surtout l'égo qui fait mal, plus que le coeur je crois. J'en suis encore à départager tout ce capharnaüm sentimental, et vraiment c'est très dur. Je n'y arrive pas malgré les efforts... il faudra du temps, et encore des larmes pour bien diluer le tout.

...

Devant mon air absent, ce soir, Div m'a demandé ce qui n'allait pas. Après un moment d'hésitation, je lui ai raconté cette blessure, comment elle s'est manifestée, ce qu'elle signifie. J'ai aussi tout dit sur ce sentiment de me sentir inutile.

Que répondre à quelqu'un qui vous dit que ce n'est pas vrai, que vous êtes toujours spéciale, que quelque part quelqu'un vous aime et qu'il ne rêve que de vous? You are not useless, you are still very special to someone. And that person loves you very much. J'ai cru fondre... fondre de bonheur mais de honte aussi. Qu'il est difficile de se laisser aimer lorsqu'on ne s'aime pas trop soi-même!

Je ne sais qui ou quoi remercier d'avoir mis Div sur ma route; ce garçon m'apporte plus que je ne saurais en recevoir. Ce garçon. Que je n'arrive pas à aimer dignement encore, parce que je suis toujours en processus de deuil. Que j'embrasse cependant avec tout mon coeur et mon âme parce qu'au firmament des étoiles, il est celui qui - petit à petit - a brillé de plus en plus fort jusqu'à devenir éclatante et qui, aujourd'hui, me guide et me protège.

Sans lui, ma route ne serait absolument pas la même... j'aurais l'impression d'errer alors qu'avec lui, même à travers le brouillard je sais exactement où me diriger. Tous les I love you du monde ne seraient suffisant pour lui faire comprendre toute l'importance de sa présence, de son support, de sa compréhension. Parce que désormais c'est par lui que je me sens femme, c'est lui que je fais sourire et rire.

Et jouir aussi.

mardi 7 avril 2009

12. Les mots des maux

Retrouvé ces dernières heures, un poème écrit en août 2008. Il était pour Div, et il est d'actualité plus que jamais.

Cueillie à fleur d’amour par sa main caressante,
Guidée à petits pas loin des jours douloureux,
La vie reprend son cours et nouvelle joie naissante,
S’immisce au creux du cœur, sentiment merveilleux.

Le bonheur qui hurlait à la mort de l’amour,
Qui brisé sur le roc s’émiettait au vent fol,
Soudain retrouve ses sens et redevient velours,
Renaît depuis ses cendres et reprend son envol.

Douce, tendre plénitude que j’avais égarée,
Perdue dans l’abysse de mes sombres douleurs,
Et des tourments de l’âme, démons ravageurs.

Je renais à l’aurore de ce nouvel amour,
Et me confonds aux traits de ce tendre visage,
Singulier bonheur qui transcende nos âges.

jeudi 2 avril 2009

11. Il fait [enfin] soleil sur Montréal.

Ce n'est pas parce que je suis silencieuse que je suis au plus mal; ces jours-ci en fait, ça serait plutôt le contraire.

Le dicton dit que le temps arrange les choses. C'est bien vrai tout ça; les choses s'apaisent d'elles-mêmes, il ne faut que du temps [et un peu d'espoir aussi]. Depuis vendredi dernier, depuis mon dernier billet, plus une seule crise de larmes n'est venue assombrir mon ciel. J'ai bien eu les yeux dans l'eau quelques fois, bien sûr, mais rien de comparable à ces torrents de larmes et ces spasmes incontrôlables qui étaient encore mon quotidien jusqu'à il y a une semaine à peine. Je vais mieux, je me sens plus en contrôle, et cela se reflète sur tous les aspects de ma vie. Je sais d'avantage où je vais, ce que je veux, ce à quoi j'aspire et je mets en place petit à petit tous les éléments pour que d'ici quelques mois, le puzzle se complète exactement comme je le désire. Encore une fois, tout est une question de temps, et si ça ne réussi pas à ce moment, je pourrai au moins dire que j'aurai fait les efforts en ce sens.

Et ces dernières heures, mes efforts se sont surtout concentrés autour de Div. Div, qui prend de plus en plus de place, de plus en plus d'importance. Quiconque n'a jamais vécu une situation similaire ne peut imaginer combien une personne que l'on a jamais rencontré puisse devenir aussi importante, aussi essentielle. Et, surtout, transporter tant de choses et nous faire découvrir une face cachée de nous-même qui nous échappait jusque là.

Hier soir, une longue et importante conversation entre nous a de nouveau porté fruits; pour son âge - puisqu'il n'a que vingt-cinq ans alors que j'en ai trente-deux bien sonnés - cet homme ne cesse de m'étonner. Il a une capacité de raisonnement, une vision des choses qui en feraient pâlir plus d'un. Beaucoup d'hommes d'âge mûr pourraient apprendre de lui, et il l'a encore prouvé hier. De définir ce que nous sommes actuellement l'un pour l'autre, de savoir pourquoi nos visions diffèrent mais se rejoingent tout à la fois, de réaliser que nous aspirons tous les deux à un futur similaire m'a fait le plus grand bien. Et m'a fait réalisé à quel point je tiens à lui même si mon coeur est encore meurtri, et à peur du même coup.

On ne peut refaire le passé, mais on peut certes préparer l'avenir, et pour l'instant mon avenir s'annonce plus prometteur avec Div qu'avec quiconque. Bien que la situation soit délicate, que les différences d'âge, de culture, de pays et de langue pourraient peut-être s'avérer être des obstacles insurmontables, je crois que nous tentons tous les deux de tirer le meilleur de la situation pour la raison toute simple que nous sommes assurément attachés l'un à l'autre, et que nous croyons que le meilleur reste encore à venir.

Si on m'avait dit qu'un jour j'aspirerais plus que tout à me retrouver dans les bras d'un jeune américain, et que mon quotidien serait en grande partie forgé autour de la concrétisation de cette aspiration, j'aurais sans doute éclaté de rire.

Comme quoi la réalité dépasse parfois la fiction... et c'est bien tant mieux.