jeudi 26 mars 2009

9. Désemparée.

Le mal avait commencé à s'estomper, je pleurais beaucoup moins, et moins longtemps. Hier, je ne me souviens pas avoir versé une seule larme... mais je savais. Je savais qu'en le revoyant aujourd'hui pour des trucs bureaucratiques, pour la paperasse officielle, je savais que ça me retournerait sans dessus-dessous. Devant lui, j'ai tout fait comme une grande, sourire, presque rigolade même. C'est une heure après qu'il m'ait déposé chez moi, après que cette grande barrière de courage que je m'étais forgée pour passer l'après-midi avec lui se soit effondrée, que j'ai pleuré. Des sanglots énormes, comme seules les vraies peines d'amour savent engendrer. J'ai pleuré presque trois heures sans m'arrêter, et puis cette fois je n'ai pas eu le courage de tout traverser toute seule.

Au bout du fil, personne. Je me suis dit que c'était sans doute mieux ainsi. Je suis retournée à mes larmes solitaires mais il m'a rapellé au bout de trente minutes. Sa voix, calme, légèrement angoissée peut-être, et désolée sans aucun doute. Il m'a dit que je ne le dérangeait pas. Que je pouvais rapeller au besoin. Et puis je ne me souviens plus du reste... c'est comme un trou béant. Lui parler m'a fait un peu de bien [je crois].

J'aurais voulu lui dire que j'ai mal, tellement mal. Que je crois de plus en plus que c'est lui que je pleure, et non pas l'absence. Que je donnerais beaucoup pour pouvoir à nouveau me plonger dans ses bras pour pleurer... à tout le moins. Que je ne sais pas trop quand et comment je vais pouvoir faire mon deuil de lui... Mais je n'ai rien dit. Parce qu'il est trop tôt. Parce que ça ne servirait à rien. Un jour je lui dirai tout ça, même si ça ne devait plus avoir d'importance à ce moment. Mais je lui dirai surtout combien le perdre aura été le plus grand regret de toute ma vie.

Demain, ça fera une semaine que je vis seule; c'est dur. Non pas pour la solitude comme telle, mais pour son absence, ce manque vicéral. Il n'était pas parfait [mais alors là pas du tout] mais ce soir, à cet instant précis, je reprendrais tout - le bon comme le mauvais - si ça pouvait le ramener. Je suis horrifiée d'avoir dû en arriver là avant de réaliser à que cet homme, je l'aime encore. Que j'aurais très bien pu passer le reste de ma vie avec lui. Je n'ai réellement toujours voulu que ça, en fait... jamais je ne l'aurais quitté s'il ne m'avait demandé de partir.

Mais il est trop tard. Et maintenant, je suis partie.

Un jour - bientôt je l'espère, parce que j'en ai marre de pleurer - la Marée Haute s'estompera, une certaine sérénité reviendra et je pourrai reprendre ma route. Mais pour le moment, j'ai besoin de faire une pause, de m'asseoir dans les cailloux et de pleurer tout mon saoul. Un jour, les larmes cesseront, parce que le temps arrange les choses, qu'ils disent. Et parce que c'est vrai.

Alors j'en suis là. Présentement, j'attends ce jour. C'est tout ce que je fais. Je pleurs et j'attends que les beaux jours reviennent, parce que j'ai la certitude que peut importe de quoi ils seront fait, ils reviendront.

Mais entre-temps, je vis les jours les plus sombres de ma vie.

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